Aeroplans - Dassault RafaleDésormais nous savons que le Rafale ne sera pas le seul en lice pour le contrat libyen, qui pourrait donner lieu à l’exportation de quatorze avions pour Dassault Aviation et ses partenaires. Si la concurrence avait subitement fait son apparition alors que l’on croyait la Libye en négociations exclusives avec la France, le Rafale reste en tête. Alors qu’une délégation de haut rang était en visite à Paris pour reparler des différentes offres françaises concernant le Rafale, huit hélicoptères Tigre et des véhicules blindés, les informations concernant un éventuel contrat avec le russe Soukhoï se font rares. Comme toujours nous dira-t-on, les Russes traitant habituellement ce genre de négociations dans le plus grand secret. Reste que les avions russes prennent toujours une place importante sur le marché mondial, et tout particulièrement dans cette région.

 

 

Aeroplans - Dassault Rafale

Depuis décembre 2007, les négociations sont officiellement lancées entre la France et la Libye. Sur fond de polémique dans l’Hexagone, le contrat pour la fourniture de quatorze appareils donnerait une certaine bouffée d’oxygène à l’industrie aéronautique de Défense française. Or, si l’enjeu est clairement identifié à ce niveau-là pour la protection d’une activité stratégique pour l’Hexagone, la Libye reste un pays où il est difficile de faire des affaires. Longtemps considéré comme actif sur la scène du terrorisme international, le colonel Kadhafi sert à nouveau les mains des dirigeants du monde.

En mettant en avant un discours plus pacifiste, la Libye souhaiterait avant tout acquérir ces appareils pour se protéger de ses voisins. Avec du matériel aujourd’hui plus que vieillissant, l’armée libyenne regarde avec envie le fleuron des forces françaises. Une envie attisée par la récente démonstration de deux Rafale monoplaces de l’escadron 1/7 Provence dans les cieux libyens. Le premier septembre dernier, les deux appareils ont évolué au dessus de Tripoli à l’occasion de la fête nationale. Si la Libye envisage de moderniser sa force aérienne avec quatorze chasseurs Dassault, Paris ne pouvait pas refuser une telle démonstration.

Aeroplans - Sukhoi 30 MkIISi la France semble aujourd’hui toute disposée à vendre des Rafale à la Libye, ce n’est de loin pas le cas de tout le monde. Habitués à ce genre de manœuvres, les Américains veillent au grain. S’ils avaient pourtant rouvert le dialogue avec le colonel Kadhafi, c’est plus vers Paris que celui-ci s’est tourné pour cet achat. Si l’on rajoute à cela que Washington est toujours plus irritée par le savoir-faire français, inutile de dire que l’affaire n’est pas terminée. Or, la position que l’on peut supposer assez hostile de Washington pourrait bien faire capoter la vente. Le Rafale comportant quelques composants fabriqués aux États-Unis, un refus catégorique serait problématique. Déjà en décembre 2007, Charles Edeltenne avait admis que cette hypothèse était jugée plausible par le groupe. Cependant, des composants français et plus largement européens, équipent eux aussi les appareils américains. Washington prendra-t-elle réellement le risque de se lancer dans un tel affrontement avec Paris ?

 

Aeroplans - Mirage F1

Du côté russe, il n’y aurait pas de problème. Moscou décide à elle seule de ses exportations et traiter avec le colonel Kadhafi ne créerait a priori aucune polémique en Russie. Déjà présente en Algérie, Moscou équiperait alors deux armées en pleine expansion dans cette région. Un contrat défense évalué à 2 milliards de dollars serait d'ailleurs en discution. "La Libye est prête à acheter environ vingt chasseurs (on parle d'un autre côté de 14 Rafale), pas moins de deux divisions de systèmes de défense aérienne S-300PMU2 (pratiquement acquise suivant les sources), plusieurs dizaines de blindés russes, et veut aussi moderniser plus de 140 chars T-72 et d'autres armements", écrit l'agence Interfax, citant "une source militaro-diplomatique". Dans l’hypothèse où Paris et Washington entreraient en conflit, ou que l’offre française ne satisfasse tout simplement pas aux exigences libyennes, Tripoli aurait pu faire le choix de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Déjà largement équipée en matériel de Défense soviétique, elle pourrait alors se replier vers un fournisseur plus traditionnel et surtout moins cher.

En attendant, la France continue de déployer ses efforts en Libye. Les industriels français remettent actuellement en état une douzaine de Mirage F1 cloués au sol depuis des années. Aussi, l’Armée de l’Air française devrait accueillir une trentaine de pilotes ainsi qu’une cinquantaine de mécaniciens libyens dans les mois à venir. Alors qu’à Paris on affirme avoir toujours maintenu le contact avec les Libyens, ce signe de reprise doit encore être pris avec des pincettes. Selon le quotidien économique LesEchos citant une source proche du dossier : « tous les obstacles ne sont pas encore levés pour une annonce ». Comme le déclaré Hervé Morin au sujet de ces négociations : « moins on en parle, mieux on se porte ».

Michael Colaone.

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