Quand on débarque en Guyane française on pourrait croire que la seule menace pour la fusée Ariane V viendrait de la forêt. Fière au milieu d’un territoire couvert à 90% par une végétation dense et riche, le lanceur européen est en fait au centre des convoitises mondiales. Conscientes de ces enjeux, les autorités locales ont mit en place un dispositif musclé pour palier à tout problème. Une organisation renforcée lors du processus de lancement mais toujours en éveil.
Depuis le discours du président Nicolas Sarkozy à Kourou le 11.02.2008 et l’actualisation du "Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale", l’espace est redevenu une priorité affichée pour la France en matière de défense et de renseignement. L’espace redevient ainsi une activité stratégique majeure alors qu’elle souffrait depuis quelques temps déjà d’un manque d’intérêt de la part de la haute fonction publique. Or, qui dit activité stratégique dit dispositif de sécurité maximal. Nous verrons que pour une fois la France se donne les moyens de limiter les risques sous-jacents à l’activité d’Ariane.
Responsable de la sécurité ainsi que des installations en Guyane, le CNES et l’Etat français déploient un dispositif interarmées cohérent qui jusque là a réaliser un sans faute puisqu’aucun accident officiel n’a eut lieu depuis le début de cette aventure spatiale. Mais la tâche est rude puisque les Forces Armées de Guyane doivent agir sur un terrain difficile puisque composé de forêt équatoriale, de zones marécageuses, de criques, de plages couvertes de mangrove et d’une météorologie souvent défavorable. De plus la zone est vaste puisque grande comme la Martinique et ceci sans parler de l’extension prochaine du CSG pour le tir des fusées Soyouz et Vega qui va imposer aux FAG une optimisation de leurs capacités pour garantir la sécurité des sites de lancement.
Pour commencer, le Centre Spatial Guyanais est sous surveillance radar constante. Articulé autour d’un radar Centaure, l’espace aérien y est strictement réglementé. La zone aérienne interdite SOP 3 couvre d’ailleurs plus que les 900 kms sur lesquels s’étend le CSG pour une protection maximale. Une bulle de protection active 24H/24 et tous les jours de l’année. Le Centaure est secondé par un radar Aladin et un NC1 pendant les plans de protection du CSG. Toute menace aérienne se heurtera par la suite au dispositif de l’armée de l’air, à la marine nationale ainsi qu’à celui du 3ème Régime Etranger d’Infanterie qui assurent eux-aussi la protection des installations.
Les forces aériennes rassemblent 200 personnes stationnées sur les Sites Air de Rochambeau à Cayenne et de Kourou. Elles sont prêtes à intercepter tout objet hostile. Les effectifs de la Marine s'élèvent à 140 personnes sur la Base de Dégrad des Cannes à Cayenne. Un blocus maritime strict est instauré autour du CSG pour chaque lancement. L’espace maritime est ainsi surveillé par un Falcon 50, deux patrouilleurs et deux vedettes. L’armée de terre assure elle la majorité des missions en Guyane : Le 3ème Régiment Etranger d'Infanterie (3ème REI) qui compte 650 hommes stationnés à Kourou peut-être appuyé par le 9ème Régiment d'Infanterie de Marine (9ème RIMA) qui lui, compte 600 personnes basées à Cayenne. Le 3ème REI assure la protection de la base spatiale depuis 1973 par une présence permanente. Ses moyens terrestres et antiaériens (missiles français à très courte portée sol-air MISTRAL) lui permettent d’assurer une force de dissuasion efficace contre tout risque éventuel. Trente six heures avant le décollage, tous les moyens dont il dispose sont mis au profit de la sécurisation du centre. Le 3ème REI déploie des patrouilles équipées de Jeep P4 et de véhicules chenillés Hagglunds BV 206 ainsi que des postes d’observation disposés aléatoirement. Les moyens aériens sont adaptés au milieu comme à la menace. 4 Puma et 3 Fennec sont déployés lors des tirs de la fusée européenne. Ils sont prêts à décoller en moins de sept minutes et sont chargés de tireurs d’élite et de canons de 20 mm équipés de caméras infrarouge. A tout ceci nous devons ajouter le dispositif de la gendarmerie ainsi que celui des sapeurs pompiers de Paris.
Un dispositif hors du commun mais bel et bien réel aujourd’hui coordonné par le général Philippe Carpentier. Déployées en permanence ou juste lors des tirs, l’armée française n’a pas fait les choses à moitié en Guyane. Ceci afin de faire face aux menaces d’espionnage industriel, médiatiques, revendicatrices, d’actions malveillantes, éventuellement de type terroriste, sur le site ou les infrastructures. Le but est de taille : préserver la timide avance des européens sur les technologies spatiales. Aujourd’hui la concurrence montre les dents et n’hésitera pas à user d’outils et de stratagèmes divers et variés.
Enfin, nous vous parlerons bientôt du futur lancement du satellite militaire Helios-II B. Il parait évident que le dispositif de protection mis en avant plus haut est alors renforcé pour le lancement d’un matériel militaire. Aucune information précise sur le dispositif discret et donc efficace mis en place par la DGSE ou la DRM mais il serait étonnant que ces services soient absent de telles manœuvres comme des opérations courantes.